Hier soir, nous sommes allés voir L'illuminé, dernière création de Marc Hollogne. Je ne sais trop comment présenter cette pièce, tant elle surprend pour qui n'est pas habitué à la forme utilisée.
Mais je vais plutôt commencer par raconter le fond.
L'histoire se passe peu avant la Révolution Française, également le moment où la révolution industrielle anglaise commence à prendre en France. Elle raconte l'histoire du chevalier de Casignac (joué par Marc Hollogne lui-même), dont l'instinct lui dit de se méfier de ces machines à vapeur, et qui cherche ainsi à alerter ses contemporains sur ses dangers potentiels et prédits. Ce personnage principal se retrouve alors au cachot pour avoir médit des machines auprès du propriétaire de manufactures le plus influent du moment : le Comte de Leauvive (interprété par Michel Jonasz).
Dans la suite de la pièce, toute en échanges de verbes et de vers généralement alexandrins, le spectateur comprend peu à peu pourquoi le chevalier reste si longtemps derrière les barreaux, et dénoue les liens et relations entre les personnages.
Au delà de la signification immédiate se trouve aussi une réflexion sur notre monde industrialisé, dont la source remonte justement à cette révolution industrielle. Marc Hollogne en joue d'ailleurs, puisque son personnage prédit les GPS, les smartphones, et les oppose à la Nature. Il prédit ce monde où tout est prédit, et l'oppose à un monde où l'on prendrait le risque de la surprise. Enfin, il insiste énormément sur la notion de "nuance", ce à quoi j'adhère complètement.
Sur la forme maintenant, je vais essayer d'en dire assez sans trop en dévoiler. Il s'agit d'une pièce de cinéma-théâtre : une partie de la pièce a été filmée et est projetée sur un écran, pendant que des acteurs en chair et en os donne la réplique sur la scène. Cela permet toutes sortes d'artifices narratifs et comiques : des jeux de caméras, des personnages qui passent de la scène à l'écran et inversement, des flashbacks.
Ce cinéma-théâtre, c'est sans doute l'une des raisons principales pour laquelle on va voir la pièce, mais pourtant on l'oublie assez vite, tellement les deux parties s'imbriquent bien l'une dans l'autre. Dans cette pièce, l'histoire n'est pas qu'un prétexte: la forme sert réellement le fond, et se fond dans l'histoire.
L'illuminé, c'est au théâtre Déjazet (près de République) jusqu'au 22 mai, courez y.